
Corps et chair. Phénoménologie du corps propre
Laurent Cournarie
Philopsis : Revue numérique https://philopsis.fr
36 pages
Le corps propre : l’originalité d’un phénomène originaire
Le problème philosophique du corps, c’est le corps propre1. Mais pour saisir ce que signifie le corps propre, plutôt que de tenter d’articuler l’explication physique des corps et l’analyse métaphysique du corps humain, c’est-à-dire de distinguer et d’unir l’esprit et le corps, il faut partir du corps lui-même, tel qu’il se donne à la conscience. Le corps propre est sa manière d’apparaître : l’être propre du corps propre est son apparaître. Autrement dit, la méthode doit être phénoménologique. Mais on ne peut décrire le phénomène du corps, dégager le corps propre comme phénomène original, sans reconnaître son caractère originaire. Aussi, si la philosophie du corps est nécessairement une phénoménologie du corps propre, celle-ci est nécessairement une phénoménologie qui pose le corps propre comme le phénomène originaire —toute la difficulté étant de savoir comment il apparaît pour se donner comme la sphère du propre.
Le corps est assurément une réalité ambiguë, chose qui est mienne, chose que je suis. L’expérience du corps manifeste cette ambiguïté qui contient la différence du corps propre. D’un corps simplement physique, je peux faire le tour, effectuer sur lui une infinité de visées perceptives différentes et concordantes, multiplier à son sujet les points de vue.
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